Église paroissiale Saint-Martin

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Pauillac

L'église de Pauillac est située à l'emplacement d'une villa gallo-romaine dont de nombreux vestiges ont été retrouvés au cours des travaux successifs, menés aux 19e et 20e siècles, lors de sa reconstruction ou d'aménagements sur la place. L’ancien édifice figure sur les dessins réalisés par le dessinateur et voyageur hollandais Herman van der Hem en 1646-1647. Il s’agissait d'une église à nef unique avec un chevet plat soutenu par des contreforts et disposant d'une tour de clocher carrée. Elle était entourée du cimetière jusqu'à la fin du 18e siècle. Elle a été reconstruite sur les plans de l’architecte Armand Corcelles à partir de 1824.

Dès 1821, la nécessité de réparer et d’agrandir l’église de Pauillac "qui se trouve dans le plus mauvais état possible" est évoquée par le conseil municipal. Un premier projet de Corcelles, en février 1824, fixe la longueur du nouvel édifice à 130 pieds de long et 70 de large. En avril 1824, il propose 3 plans : un premier, simple, sans façade ; un second avec une façade composée d’un avant-corps de quatre colonnes d'ordre dorique supportant un fronton placé en saillie du mur de pignon ; un troisième avec une façade composée d'un avant-corps de 6 colonnes d'ordre dorique supportant un fronton qui formerait en entier le pignon de la toiture de l'église. Un simple clocher est prévu, une flèche semblant trop onéreuse. C’est finalement le 3e projet, le plus ambitieux et le plus cher, qui est retenu.

En 1825, sur les recommandations du Conseil des Bâtiments civils, le projet doit être revu à la baisse, la dépense étant jugée exorbitante. La voûte est toutefois préférée au plafond comme mode de couvrement de la nef. L’architecte est à nouveau sollicité en 1826 pour présenter un plan modifié, qu’il tarde à proposer. Le conseil municipal regrette ces délais et menace de changer d’architecte. L'ultimatum semble fonctionner puisque Armand Corcelles fournit le plan de l'église, l'avant-corps à colonnes étant supprimé. En octobre 1826 a lieu l’adjudication des travaux à M. Escarraguel, entrepreneur. A partir de 1827, Corcelles travaille sur les plans du maître-autel. La première pierre de l’édifice est posée cette même année au nom de la duchesse d'Angoulême. En octobre, les habitants de Pauillac n'ont pas renoncé à faire élever une flèche au-dessus du clocher et lancent une souscription pour en financer la construction. Le projet de flèche est rejeté par le préfet, sur des motifs esthétiques ; un exhaussement du clocher est malgré tout adopté. En 1829, le maître-autel et la chaire à prêcher ne sont toujours pas installés dans l’église ; ce retard est à nouveau imputé à l’architecte Corcelles.

Un document conservé dans un cadre dans la sacristie résume l'histoire de la construction de l'église :

"ÉGLISE SAINT-MARTIN DE PAUILLAC / CONSTRUITE DANS SA FORME ACTUELLE / - de 1826 à 1829 - / PAR MONSIEUR ESCARRAGUEL, ENTREPRENEUR / SUR LES PLANS DE Mr CORCELLE, ARCHITECTE / Mr BERTRAND MURAT, étant curé / et sur son initiative / à la place d’un édifice très délabré / et, pour ce motif, interdite à la fin de 1823 / ouverte au culte le jour de l’Ascension / 16 mai 1828"

En 1836, les pilotes de Pauillac donnent à l'église l'ex-voto du Saint-Clément, afin d'honorer le patron des marins. En 1845, ces mêmes pilotes demandent que le clocher de Pauillac soit peint en blanc pour faciliter le mouillage des bateaux au large dans l'estuaire.

A partir de 1850, des désordres de maçonnerie sont observés : mur sud lézardé, intérieur du clocher nécessitant des travaux, tribunes et voûte. Suite au repavage de la route départementale et à l’abaissement de la place de l’église, 3 perrons sont aménagés devant la porte principale et les deux portes latérales en 1852.

En 1880, un escalier est construit à la sacristie.

Les verrières sont réalisées sous l'épiscopat de Victor Lucien Sulpice Lécot (1890-1908) et le pontificat de Léon XIII (1878-1903), soit entre 1890 et 1903. Des archives du peintre-verrier Dagrant indiquent qu'il y travaillait en 1897. La tribune et l'orgue (fabriqué par la maison Auguste Commaille de Bordeaux) est également installé à cette époque.

En 1902, le conseil municipal est confronté au legs d’Armand Roux, propriétaire du château Peyrabon (Saint-Sauveur-de-Médoc) décédé en 1900, qui, par testament délivré en 1877, laisse à la commune 1 million de francs pour la construction d’une nouvelle église "dans le style pur Renaissance". Il souhaite que l’architecte bordelais Blaquière (1829-1899) réalise les plans. Cet architecte étant décédé avant Armand Roux, l’architecte Jules de Miramont d’Arcachon réalise les plans d'une église néogothique datés 1902. En août 1903, le maire signe un désistement de la commune pour le legs Roux ; l'église de Pauillac ne sera pas reconstruite.

Périodes

Principale : 1ère moitié 17e siècle (incertitude) (détruit)

Principale : 1er quart 19e siècle

Auteurs Auteur : Corcelles Armand, architecte (attribution par source)
Auteur : Escarraguel Louis Grégoire

Ingénieur civil à Bordeaux. Signe "l'architecte" sur le projet du presbytère de Saint-Christoly-Médoc en 1839.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Dagrant ou Dagrand Gustave-Pierre

Peintre-verrier né à Bordeaux (51, chemin du Sablonnat) le 15 septembre 1839 et mort dans la même ville le 21 septembre 1915 ; fils de Jean Dagrant, plâtrier, et de Jeanne Sallette ; marié à Bordeaux, le 3 octobre 1863, à Jeanne-Eugénie Chartier, sœur de Jean-Georges Chartier, peintre-verrier. Il en eut sept enfants, dont trois peintres-verriers qui lui succédèrent, Maurice (1870-1951), Charles (1876-1938) et Victor (1879-1925), et une fille qui épousa Albert Borel, son principal collaborateur. Né Pierre-Gustave Dagrant, le verrier changea son nom en Gustave-Pierre Dagrand entre 1864 et 1889, avant de reprendre, par jugement du tribunal de première instance de Bordeaux du 19 juillet 1889, son nom d'origine avec la graphie Dagrant. D'abord actif à Bayonne (où ses parents possédaient une propriété), il y fonde un premier atelier en 1864, puis crée en 1873-1874 un second atelier à Bordeaux (7, cours Saint-Jean, actuel cours de la Marne), ville où il s'installe définitivement par la suite.

, peintre-verrier (attribution par source)
Auteur : Miramont Jules de

Né en 1862 en Lot-et-Garonne, Jules de Miramont fait ses études à l’école d'Architecture de Bordeaux, il en sort diplômé en 1884. Ancien élève de Marcel Ormières il devient son collaborateur à Arcachon, ville où il décède en 1935.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Commaille Auguste

Facteur d'orgues établi à Bordeaux en 1875.

, fabricant (attribution par source)

L'église présente sa façade principale à l'ouest : cette façade écran, percée d'une seule porte surmontée d'une corniche, est scandée de 6 pilastres doriques supportant un entablement et un fronton triangulaire souligné d'une corniche à denticules. Un massif carré supporte la tour de clocher de plan hexagonal, composée de deux niveaux et coiffée d'une toiture en zinc. Les ouvertures sont en plein-cintre, encadrées de colonnes à chapiteaux de type corinthien. La pierre de taille en façade est traitée en bossage plat avec des refends marqués.

Les murs latéraux sont percés de 4 grandes fenêtres en plein-cintre et de deux portes, à l'ouest et à l'est, ces dernières étant aveugles. Les maçonneries sont en moellons recouverts d'un enduit imitant la pierre de taille. Le chevet présente un fronton à corniche denticulée et une abside semi-circulaire, englobée dans un massif rectangulaire abritant la sacristie.

A l'intérieur, la nef principale est encadrée de deux bas-côtés séparés par de hautes arcades reposant sur des colonnes doriques. Elle est voûtée en berceau tandis que les bas-côtés sont voûtés d'arêtes.

A l'ouest, une vaste tribune repose sur des piliers en fonte : l'orgue y est installé.

A l'est, l'abside en hémicycle du chœur est ornée d'un riche décor sculpté et peint (pilastres, frise, bandeaux avec caissons à motifs floraux ; au centre, dans un décor de nuée sculptée, la verrière d'un triangle rayonnant symbole de la Trinité). Deux autels secondaires sont placés dans les bas-côtés, notamment au sud celui dédié à Sainte-Radegonde.

Un ex-voto du bateau Saint-Clément est suspendu dans la nef.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

  4. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse
Plans

plan allongé

Étages

3 vaisseaux

Couvrements
  1. cul-de-four voûte en berceau voûte d'arêtes
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : appentis

  3. Forme de la couverture : toit polygonal

Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Pauillac , place Maréchal-Foch

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1825 D1 241, 2012 AW 181

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